mercredi 23 décembre 2015

The Chypre Quest #1 : Diva, Ungaro

La bouteille de Diva de ma maman. 
Le jour de mes treize ans, j'ai eu comme cadeau mon premier vrai parfum, un parfum d'adulte que j'avais choisi avec soin : Guerlain, Mitsouko en eau de parfum. J'ai porté Mitsouko tous les jours pendant très longtemps, jusqu'à réclamer un flacon de Samsara, jusqu'à récupérer un flacon de Poison, jusqu'à mon premier Lutens, Datura Noir. J'ai oublié Mitsouko, me contentant de renifler vaguement le bouchon une fois de temps en temps, tout en chérissant les quelques 20 millilitres qu'il devait me rester. 
On my thirtheenth birthday, I received my first real fragrance, a grown-up fragrance, which I had carefully picked out myself : Guerlain's Mitsouko EDP. I wore Mitsouko for a few years, until I received a bottle of Samsara, until I was given a bottle of Poison, until I asked for my very first Lutens, Datura Noir. I had forgotten about Mitsouko, only to sniff the cap once in a while, cherishing the last 20 milliliters remaining.
J'ai redécouvert Mitsouko, quand, par un jour sombre et brumeux (super cliché, attention), j'ai eu le sentiment que rien d'autre ne me conviendrait. Et là, après des années d'abstinence, j'ai enfin compris ce qu'était un Chypre. Sur moi, Mitsouko est presque tout vétiver, un peu poussiéreux, un peu bizarre. La pêche est quasi-inexistante, et les notes animales ressortent d'une manière presque cireuse, grasse, comme l'effet d'ensemble que me donne l'Heure Bleue. 
C'est à partir de ce moment même que ma quête du chypre parfait a commencé.
I discovered Mitsouko again when, on a dark and gloomy day (beware, autumn cliché), I had the feeling that nothing else would fit my mood that day. And then, after a few years of abstinence, I finally understood what a real Chypre was about. On me, Mitsouko is almost pure vetiver, a little dusty, a little weird. The peach is barely there, and some animal notes really come through in a waxy and fatty way, in a way that does remind me slightly of l'Heure Bleue.
From that moment on, my quest for the ideal chypre started.





***


Cette introduction est interminable, je sais, je vais en venir à Diva. Un jour, ma mère m'a dit qu'elle avait porté un parfum formidable dans les années 80 : Diva. J'ai cherché Diva, en version plus ou moins vintage (2010, soyons honnêtes), et je lui ai offert pour son anniversaire, sans l'avoir senti. Elle s'en est aspergé une fois le paquet ouvert, et j'en ai aussitôt fait de même.
Neverending introduction, I know, I'm getting to the point. One day, my mother told me that she used to wear a great fragrance in the eighties : Diva. I researched Diva, found it in a pseudo-vintage version (2010, let's be honest), and I gave it to her for her birthday, without even sneaking a few spritz for myself first. She generously sprayed herself once the package was opened, and so did I.


Diva est dense, fusant, terriblement glamour. Il a le style opulent et grandiose des années 80, mais son élégance pourrait le faire confondre facilement pour une splendeur de la fin des années 40, la cousine rosée et aldéhydée d'une Femme de Rochas.
Diva is dense, sharp, terribly glamorous. It has the glorious and flamboyant style of the eighties, but it feels like a late fourties marvel thanks to its undeniable elegance, like a rosy and aldehydic second cousin to Rochas' Femme.

Sur moi, Diva s'ouvre sur une vague d'aldéhydes gras et poudrés qui, mariés à une rose rouge sombre et fruitée, ont un léger côté rouge à lèvres. Les premières minutes de Diva me font imaginer Hedy Lamarr à sa coiffeuse, poudrée et bijoutée, se parfumant abondamment à l'aide d'un flacon à poire en cristal.
On me, Diva opens with a burst of powdery and fatty aldehydes, which give a slight lipstick feel to the gigantic dark red fruity rose of the opening. In the first minutes of Diva, I can imagine Hedy Lamarr at her dressing table, powdered and bejeweled, spritzing her shoulders with a crystal poire atomizer.

Hedy Lamarr. Picture via Pinterest.


Au bout d'une trentaine de minutes, les aldéhydes commencent à d'apaiser, et l'effet savonnette de luxe à la rose s'estompe pour laisser place à un chypre glorieux.
After thirty minutes or so, the aldehydes calm down, and the luxury rose soap effect fades away to let this glorious chypre blossom.
Un chypre animal à souhait. La combinaison de rose, de miel et de civette est incroyablement dense et épaisse. Rien de subtil ici, Diva n'a ni le besoin ni l'envie d'être discrète. L'effet animal créé par l'accord miel-civette est celui qui me fascine le plus, évidemment, tant il évoque une intimité féminine dissimulée sous la propreté de façade des aldéhydes. Pour moi, Diva est aussi le parfum des héroïnes sensuelles et concupiscentes de la littérature de la Troisième République : Renée Saccard dans La Curée de Zola, et Léa de Lonval dans Chéri de Colette. Elles déambulent ici dans un jardin d'hiver meublé de fauteuils de velours recouverts de peaux de bête. L'odeur de la mousse qui habille les plantes se mêle à celle des roses carmins épanouies sur les guéridons, au patchouli, à l'iris et à l'ylang-ylang des demi-mondaines. La flore qui les entoure est baroque, exotique, improbable, luxurieuse et luxuriante - santal, vétiver, jasmin - et mime dans une grande pollinisation les pulsions lascives des semi-bourgeoises accablées par l'ennui.
A delighfully animalic chypre. The combination of rose, civet and honey is incredibly thick and dense. Nothing subtle here, because Diva doesn't have the will or the need to be modest. The animalic effect created by the honey-civet accord fascinates me deeply, obviously, because it embodies the impression of female intimacy disguised under the apparent cleanliness of the aldehydes. Diva is also (at least to me) the perfume of lusty and sensual heroins of the late nineteenth-century literature : Renée Saccard from Zola's La Curée, and Léa de Lonval from Colette's Chéri. They're walking around in a large greenhouse furnished with velvet chairs, covered with fur. The smell of the oakmoss covering the plants is joined by the fragrance of lush full bloom roses resting on the end table, and by the patchouli, iris and ylang of the demi-mondaines. The sourrounding flora is exotic, baroque and luxurious : there's sandalwood, vetiver and jasmine. The great pollination of the artificial nature mimicks perfectly the lascivious urges of these bored part-time bourgeoises.

Stephen Frears, Chéri (2009). Picture from IMDB.

Diva m'apparaît comme un parfum hors-d'âge, sans époque, et toujours anachronique. Ce qu'un chypre couillu devrait être, et pas l'un de ces pseudo-chypres modernes dégoulinants.
Diva speaks to me like a "born in the wrong era" kind of perfume, ageless, and always out of place. What a ballsy chypre should be, not one of those new and disgusting "modern" chypres.
La performance est presque trop impressionnante : deux sprays sur la peau sèche de mon avant-bras remplissent une pièce de taille respectable, le sillage se répand dans toute une maison, et Diva est encore vivace sur tissu le lendemain.
Its performance is almost too good : two sprays on the dry skin of my forearm filled the room, the sillage can be followed in the whole house, and Diva is still going strong on fabric the day after.
J'hésite encore à me procurer une bouteille pour moi-même. Diva est intrinsèquement glamour, et ma vie à hanter les bibliothèques avec un thermos de Earl Grey - pour tenir le coup pendant mes longs après-midi de recherches et de lectures - ne l'est définitivement pas. 
I still can't decide if I should get a bottle for myself. Diva is essentially glamorous, and I spend most of my free time haunting libraries with a thermos of Earl Grey in my bag, just to survive a full afternoon of reading and researching, which is everything but glamorous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire