dimanche 10 janvier 2016

Histoires de Parfums, 1889 Moulin Rouge

Jean-Louis Forain, Danseurs en rose.


Des danseuses épuisées quittent la scène sous les applaudissements. Le maquillage a fondu, coulé le long des visages, mais l'odeur de la poudre flotte encore dans l'air. Comme les peintures de Forain, 1889 est délicieusement flou, sensuel. On peut apercevoir à travers les nuages de fumée des cigares de ces messieurs, les corps partiellement dénudées des danseuses. Dans les coulisses, l'absinthe et la liqueur de prune coulent à flot, et l'accord rose-iris des actrices et des modèles emplit l'air, déjà saturé de l'odeur chaleureuse des corps.
Tired dancers are leaving the stage under applause. Their make-up is melting, running down their faces, but the smell of violet powder is still floating in the air. Like Jean-Louis Forain's paintings, 1889 Moulin Rouge is delighfully blurry, foggy and sensual. Through the clouds of cigar smoke, we can guess the bodies of the dancers in various states of undress. Backstage, we're drinking absinth and plum liquor, and the air is filled with rose and iris, saturated the warm scent of resting bodies.




La scène de l'opéra

Le fond de 1889 est dense, cireux et encore poudré comme un rouge à lèvres à l'ancienne, mais devient de plus en plus animal au bout de quelques heures. L'accord fourrure est une formidable réussite, délicat comme le musc très doux d'entre les oreilles d'un chat. Je pourrais m'en asperger tous les jours, enfiler un vison trois fois plus vieux que moi, et me balader partout comme une splendide cocotte anachronique.
1889's drydown is dense, waxy and slightly powdery like the feel of a vintage lipstick. It becomes more and more animalic and musky after a few hours. The "fur" accord mentioned in the notes is brilliant, soft and delicate musky scent of between a cat's ears. I could bathe myself in it, throw on a mink stole and walk around everywhere like a fabulous timeless cocotte.

Nana and a vintage compact.
Je ne peux cependant m'empêcher de penser que 1889 est d'un autre temps, d'une époque révolue. 1889 est comme l'Heure Bleue (et tous les parfums dominés par l’œillet, ou très poudrés), emblématique de la Belle-Epoque, et donc nécessairement nostalgique. 1889 est trop chic et charnel à la fois pour correspondre à l'esthétique en plastique beige fadasse des années 2000. Je l'aime bien ce Moulin Rouge, avec son élégance polissonne et désuète, poudrée, légèrement sucrée et cireuse à la fois.
Anyhow, I can't stop thinking that 1889 belongs in another century. It's like l'Heure Bleue (and most carnation-heavy, powdery fragrances) : iconic of the Belle-Epoque, and by that inevitably nostalgic. 1889 is too carnal and too classy at the same time to blend in the boring, beige plastic aesthetics of the 2000's. I really like Moulin Rouge, with its old-fashioned and naughty elegance, powdery, slightly sweet and waxy altogether.






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