dimanche 12 février 2017

En brèves : parfums de la semaine #1 (2017, semaine 6).





Les prémices du printemps se laissant deviner, cela n'a que renforcé mon désir d'ambe riche et presque dégoulinant. Image fortement appétissante j'en conviens. Pour lutter contre les éléments humides et sombres, j'ai sorti l'artillerie lourde. Seule référence de chez El Nabil que je trouve portable, Amber of Yemen est un mukhallat vanille, benjoin, santal extrêmement bien fait, jusqu'à donné l'illusion des facettes les plus caramélisées de l'ambre gris. Hind suit le même registre dans une qualité bien supérieure, avec un ajout luxueux de rose de Taïf. Je crois que Hind est en passe de devenir l'un des mes parfums préférés, ce qui n'est arrivé depuis longtemps. Je m'extasie toujours devant tant de beauté à chaque fois que je le porte, chose assez rare pour être pointée du doigt.

J'ai acheté un concentré de parfum pour intérieur dans un moment de faiblesse dans une petite boutique de niche, alors que la gérante zélée essayait de confondre mon bon jugement à coup de Mon Parfum Chéri. J'ai failli me faire avoir, mais la banqueroute a été évitée. Je suis donc finalement repartie, malgré tout, avec Ambre, qui reprend le thème shalimaresque hesperidé-vanille avec brio. La matière est huileuse, forcément, c'est un concentré, mais la projection reste plus que modérée, alors que la longévité est ridicule. La bergamote de la tête dure particulièrement longtemps, avec élégance, en perdant très progressivement ses facettes "hydrocarbure" qui font toute la beauté du mélange. Une très belle découverte pour une si petite chose (moins de 10 euros), bien plus intéressante que tous les autres parfums pour peau de la marque que j'ai pu tester jusqu'à ce jour. Affaire à suivre.

Dans un cadre plus professionnel, j'ai beaucoup porté le Cuir de Russie de L. T. Piver qui s'accomode assez bien de la raideur de la mousse de chêne (dans la version vintage du moins) avec une bonne dose de notes boisées, presque humides de tourbe et de sous-bois. Je devrais finir mon article à son sujet la semaine prochaine. Stay tuned.

Datura Noir a bien servi une envie subite de gourmandise lactée. Un peu l'équivalent d'une pâtisserie impulsive au détour d'une rue. Les tubéreuses commencent à me manquer un peu. Il fait encore trop fois laisser Fracas ou Trois Fleurs sortirent du placard. Les divas ont besoin de toute la lumière possible pour éclater.

J'ai expérimenté, assez heureusement, avec le fond d'un vieux flacon de Mitsouko edt, en le superposant avec Amber d'Al Haramain. Le mariage de la mousse, du crémeux lacté de la pêche de l'un, avec le labdanum et la safran de l'autre était délicieux. Le côté herbal et aromatique des ambres de tradition orientale offre un contrepoint bienvenu à la vanille des accords ambrés européens. Un ambre sans le sucre, avec des facettes de musc, de lavande et d'épices. Parfait pour mettre en valeur un Mitsouko un peu vieilli.

Pour finir ma semaine, j'ai sorti l'artillerie lourde. Le Patchouly de Réserve Naturelle qui m'étonne à chaque fois par sa complexité. Il a des facettes vineuses, parfois "fromagères" si je puis dire. J'ai l'impression d'être encore dans une phase de découverte constante du patchouli comme note et comme matière. Je me tourne de plus en plus vers les nuances les plus intenses, les plus repoussantes de la note, et j'ai parfois l'impression d'être comme Des Esseintes avec sa tartine de fromage, désespéré par la vulgarité de son goût, mais ne trouvant satisfaction que dans les facettes les faisandés de la chose. J'ai d'ailleurs participé en tant que cobaye à une étude sensorielle universitaire sur des matières premières de parfumerie. Je pense que tous les échantillons étaient synthétiques, mais le test de différents patchoulis s'est avéré être un grand moment de plaisir pour moi, et une tâche ingrate pour mes co-cobayes. Les froncements de nez plein d'horreur n'avaient pas de prix.
Conclusion, le patchouli, c'est comme le fromage, plus ça pue, plus c'est bon. 


Arabie de Lutens m'a bien servi de manteau de protection en fin de semaine. Le porter récemment m'a fait remarquer à quel point la parfumerie de niche a ce bon côté qu'elle permet des créations qui seraient considérées comme "importables" partout ailleurs. Qui voudrait décemment se promener en sentant les fruits secs collants et les épices brûlantes ? C'est vrai, Oncle Serge, et au moins moi. 

Bonne semaine à vous !

3 commentaires:

  1. Bonjour,
    J’apprécie beaucoup vos articles et particulièrement ceux concernant les produits Abdul Karim al Faransi dont je suis consommateur. Si la curiosité vous en dit, je vous conseille Oud Hindi (collection Dehn al Oud pur), "trop fromage qui pue" pour moi... mais d'une qualité certaine. Sinon, dans un autre genre qui me rappelle Roger Gallet, j'aime énormément Musk al Qurtubi. Je les trouve très réussis.
    Très cordialement.

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    1. Bonjour B Mans,
      Merci pour le compliment ! J'ai testé Oud Hindi, que je trouve plutôt agréable malgré le côté fromage très intense. Je ferai un bilan sur tous les parfums Al Faransi que j'ai pu tester dans les prochaines semaines, et Oud Hindi en fera partie. Je vous avoue que je lorgne Musk al Qurtubi depuis un certain temps ; je pense que je vais finir par commander un échantillon bientôt. Dans un autre registre, Al Quds est très réussi aussi.
      Bonne soirée à vous.

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    2. J’agrée totalement concernant Al Quds, ce coté sombre et mystérieux... bref un de mes préférés. N'en déplaise a certains qui m'ont dit qu'il sentait le fuel et le goudron! lol!
      Bonne soirée a vous également.

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