jeudi 2 mars 2017

En brèves : Le Jardin Retrouvé (Cuir de Russie, Rose Trocadéro, Sandalwood Sacré).

Le packaging est magnifique, il faut le reconnaître.

Le Jardin Retrouvé : marque de niche relativement ancienne, tombée dans l'oubli, et ramenée à la vie en 2016 à grands coups de storytelling ingénieux et de marketing bien fait. La marque distribuait gratuitement trois échantillons par personne à qui le voulait bien grâce à un lien disponible sur les réseaux sociaux. Jusque là, rien de bien choquant pour une marque de niche à l'ère du numérique. J'ai revendiqué mes échantillons, reçus peu de temps après dans un packaging soigné avec un note manuscrite de demandant gracieusement de bien vouloir partager une photo de mes échantillons sur les réseaux sociaux en précisant leur disponibilité au grand public. Chose que j'aurais faite si les parfums avaient fait preuve à mes yeux de la qualité revendiquée par le discours de la marque. 
J'ai longtemps hésité à écrire cet article ; ça m'horripile un peu de critiquer une marque toute jeune, mais la pseudo-sponsorisation éhontée sur Instagram, les avis dythirambiques envahissant les forums, et la médiocrité toute relative des trois références que j'ai pu tester m'ont un peu forcé la main. Bref, c'est pas mauvais, mais c'est pas exceptionnel non plus.

Sandalwood Sacré : Une explosion de santal de bonne qualité, légèrement cuiré, épicé, frais et laiteux. Néroli astringent, avec une écrasante note de petit-grain. C'est lui qui domine le parfum, et non le santal. On exploite ici les facettes les plus propres et cologne du santal, mais l'ensemble manque de complexité et de nuance. Un vrai monolithe construit autour d'un seul accord santal-hespéridé. La fleur d'oranger n'arrive que tardivement, et elle arrange un peu la chose en faisant ressortir les parties les plus riches du santal. Une touche de mousse accompagne le santal, mais elle est quasiment inexistante. La marque nous parle aussi de patchouli et de baume , mais leur présence n'est que purement anecdotique. La performance est médiocre comme pour les deux autres références que j'ai pu tester : immédiatement un parfum de peau, à la longévité un peu faible pour un boisé.

Rose Trocadéro : Rose de mai fraîche et verte, avec une ouverture écorce de citron plutôt bien faite. Très transparente, un peu âpre et métallique. Côté frais de lavande lessiviel et de musc blanc trop propre pour mettre la rose en valeur. Savonnette poudrée. Seul aspect vraiment intéressant : l'accord galbanum-cire d'abeille-bourgeon de cassis qui me rappelle certains chypres verts des années 50-80. Ce côté chypré aurait mérité d'être amplifié, et aurait fait un très beau contraste avec la fraîcheur de la rose toute verte. Plutôt agréable, mais trop linéaire pour être vraiment intéressant.

Cuir de Russie : En fait, c'est une violette aromatique. L'accord violette-genièvre est original, mais mal pensé, et pas vraiment harmonieux. L'effet global est aigre, acide, vinaigré et aqueux et désagréable, comme une mauvaise cologne artisanale qui aurait mal vieilli. Il faut attendre plus d'une heure sur peau, encore plus sur touche, pour que l'effet jus de cornichon s'apaise. Le cuir est uniquement dans le nom ; la suite du développement ne dévoile qu'une illusion cuirée-ambrée-florale à base de notes boisées et d'ylang de bonne qualité. Le styrax et le patchouli ne parviennent pas à sauver tout ça avant la 4ème heure. La performance est trop légère pour pouvoir apprécier le développement. Il faut sur-pulvériser pour avoir quelque chose de décent qui survive le stade des deux premières heures du développement. Une énorme déception pour moi.


***

Dans l'ensemble, les trois parfums que j'ai pu tester du Jardin Retrouvé sont décevants. A l'aveugle, j'aurais pensé être face à des eaux de cologne 100% naturelles plutôt bon marché telles qu'on les trouve souvent en magasin bio. J'aurais pu acheter Sandalwood Sacré et Rose Trocadéro si ça avait été le cas, mais je ne suis vraiment pas prête à payer le prix de la niche pour une telle déception. Je n'ai pas senti les trois autres références de la marque : une tubéreuse, une verveine et un citron je crois. Au lecteur de se faire un avis pour ceux-là. 
D'une part, je pense que le style de la marque ne me convient pas, et d'autre part, je trouve que les parfums en eux-mêmes ne sont pas très bien faits. Ils pourraient cependant convenir à quelqu'un qui souhaiterait un parfum simple et conventionnel, avec une performance très légère, dans le style des parfums Mark Buxton (que j'abhorre par ailleurs, donc bon, mon avis est à prendre avec une pincée de sel). Quitte à acheter dans le registre cologne, autant prendre une Claude Galien à 10 euros/100 ml, ou explorer la gamme Atelier Cologne ou même certains Goutal


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire